Que partagent donc La Première Gorgée de bière et autres plaisirs minuscules
Quand l’un de ses personnages allume une cigarette, Jean-Pierre Jeunet ne filme pas quelqu’un qui fume. Il nous fait plutôt vivre le spectacle d’une cigarette qui se consume : d’abord le crépitement du papier qui s’enflamme, puis la savoureuse inspiration de la première bouffée, combinée à l’incandescence écarlate des mille petites feuilles de tabac qui s’allument.
Pour réussir à traiter toutes ces intenses expériences sensorielles simultanément, notre cerveau doit déléguer le reste au subconscient. Nous « oublions » alors la réalité l’espace d’un instant : nous perdons la conscience du lieu, du temps, des sensations du moment pour nous plonger complètement dans l’univers de Jeunet.
C’est à la fois l’intensité des expériences décrites et la sollicitation de tous nos sens qui rend irrésistible ce type de scène. La chaleur est brûlante, le rouge est vif, l’inspiration est lente et profonde, le crépitement (d’habitude presque inaudible) remplit l’espace. L’expérience est à la fois intensément visuelle, olfactive, auditive, gustative, et tactile.
Si vous aussi vous voulez captiver l’imagination de vos interlocuteurs et démultiplier ainsi la puissance du storytelling, pensez donc à éveiller tous les sens intensément. Insérez mille petits détails et descriptions. Ils devront non seulement être facile à visualiser, mais encore plus facile à sentir, à toucher, à savourer…